Le Temple

La notion de Temple définition :

Dans le dictionnaire QUILLET de la langue française édition de 1959
Temple : Édifice public consacré à Dieu ou à ce qu’on révère comme dieu. / Lieu du culte chez les protestants / Le temple, celui que Salomon bâtit à Jérusalem. / Édifice où les francs-maçons tiennent leurs réunions. / Ordre militaire et religieux du Moyen Âge détruit par Philippe Lebel.

Du temple, orné partout de festons magnifiques,

Le peuple saint, en foule, inondait les portiques.

Racine

Le Temple c’est une idée religieuse. Et c’est celle-là que nous allons visiter.

Le Temple de Salomon hier et aujourd’hui :

Cette partie s’appuie sur les travaux d’archéologie et de géographie qu’Arnaud Serandour a livré dans son ouvrage intitulé : Des Sumériens aux Romains d’Orient, la perception géographique du monde – Espaces et territoires au Proche-Orient ancien.
Le temple de Salomon, c’est les ruines du seul lieu saint des juifs qui se trouvent sous l’esplanade des mosquées à Jérusalem. C’est aussi le troisième lieu saint des musulmans et pour les Chrétiens c’est le prototype des maisons de Dieu, des chapelles, des églises et des cathédrales. Tous lieux ou le clergé et le peuple des croyants va rencontrer Dieu.
Pour les juifs c’est aussi le lieu où devra être reconstruit le troisième Temple d’Israël à la place du troisième lieu saint de l’Islam.
Vous comprenez immédiatement les difficultés déduites de ce simple postulat sur lequel je ne vais pas m’étendre.

Petite chronologie :

Vers l’an mille avant J-C, selon la Bible, David entreprend d’unir les douze tributs d’Israël en combattants les Philistins (1 Samuel 17-49) : « David mit prestement la main dans son sac, y prit une pierre, la lança avec la fronde et frappa le Philistin au front. La pierre s’enfonça dans son front, et il tomba la face contre terre. »
David c’est le berger qui abat le géant Goliath, l’amant, le poète des psaumes. Il fonde un empire allant de l’Égypte à la Mésopotamie, prend Jérusalem comme capitale et unifie le royaume d’Israël. Mais par 2 Samuel 7-12/13 nous savons que Salomon sera celui qui bâtira le Temple de Dieu : « Lorsque tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, j’élèverai ta descendance après toi, celui qui sera issu de toi-même, et j’établirai fermement sa royauté. C’est lui qui bâtira une Maison pour mon Nom, et j’établirai à jamais son trône royal. »
Par les références bibliques nous savons depuis 1 Rois 5 que Salomon fait construire le Temple. David et Salomon ont été les unificateurs d’Israël, et Salomon le bâtisseur du 1^er Temple. Mais les faits historiques doivent être regardés avec circonspection. Même s’il semble aujourd’hui difficile de remettre en cause la vie de ces deux personnages, l’archéologie moderne peut alimenter de sérieux doutes sur les références bibliques.
La Bible va nous donner les détails de la construction du Temple de Salomon et aussi des mobiliers nécessaires. L’archéologie, notamment par la datation des poteries, la datation au carbone 14 et la chronologie biblique permettent une approximation sérieuse des dates avancées.

• Saül : il règne d’environ 1050 à 1010
• Ashba’al : de 1010 à 1008 ; il règne sur toutes les tributs sauf Juda
• David : environ  1000 à 970 ; il règne 7 ans sur Juda et 33 ans sur toutes les tribus
• Salomon : il règne d’environs 971 à 931 sur toutes les tribus

Le 2^ème Temple a été achevé en 515, sous Darius, roi Perse, et détruit par les Romains en 70. Cette période inclus la période Grecque qui s’étale de -330 environ à 63 ; date de l’arrivée des Romains. Durant cette longue période, entre période Perse et Romaine, le temple va prendre une place essentielle pour l’ensemble du peuple juif.
Le 1^er Temple est un peu mythique, et on verra pourquoi. Il a été construit par le Roi Salomon et ce premier temple a duré pendant toute l’époque des Rois, jusqu’en 587. Lorsque Nabuchodonosor, roi de Babylone vient à Jérusalem, car le roi de Jérusalem de l’époque avait fait alliance avec l’Égypte contre lui, en refusant de payer le tribut à Babylone.
Nous avons les textes de la construction de ce 1^er Temple de Salomon, mais qui très certainement ont été enjolivés en pensant à l’époque du second Temple. En effet à cette époque du 2^ème temple celui-ci a pris une place centrale pour la communauté juive. Restons donc très circonspects sur ce qui est dit du Temple de Salomon. En effet les textes de références datent de la période postérieure du second Temple. Les textes viennent probablement enrichir et enjoliver, à partir de l’époque du second Temple la description du 1^er, celui de Salomon.
Mais ce 2^ème temple, au temps ou il a été bâti, n’est pas le seul qui soit dédié à ce Dieu, YAWEH. Il y en a un autre et c’est le Temple du Mont Garizim, des Samaritains, dédié à YAWEH. Ce Temple n’est pas sur un site à la suite d’un temple païen. C’est sans ambiguïté que les historiens confirment qu’il n’y a pas de trace archéologique de dédicace ou présence évocatrice d’un autre dieu que YAWEH, mais ce n’est pas celui d’Hérodote mais celui des Hasmonéens (-142 à -63). Hérodote chassant les Hasmonéens aux environs de -30. Si je vous détaille tous ces éléments c’est pour que vous compreniez bien la différence entre les textes et la réalité historique mise à jour par l’archéologie moderne.
Concernant le Temple de Salomon nous nous appuierons sur les textes. En effet le temple de Salomon n’est connu que par des textes.
Sur le plan du temple de Jérusalem, le temple de Salomon est réduit au sanctuaire en lui-même. Ce plan est tiré de la midoth de la Mishna du temple de Jérusalem.

Tous les dieux (Baal) ont donc leur place dans les cérémonies. Mais cela va changer avec la période du 2ème Temple qui prend le Dieu d’Israël comme seul dieu.
Ce palais, lieu du dieu du trône qui s’exprime au travers des prophètes, est situé sur le mont Moriah ¹, connu ensuite sous le nom de mont Sion qui n’est d’ailleurs pas ce que l’on considère aujourd’hui comme étant le mont Sion qui est décalé vers l’ouest.
De par ses dimensions il s’agit plus d’une chapelle royale que d’un temple magnifique. Il est très isolé sur le Mont Moriah qui sera plus connu ensuite sous le nom de Sion. C’est un rectangle de 31,5m sur 10,5m de large. Il comprend trois parties que sont :

1. Le Oulam ou entrée, vestibule ;
2. Le Hékal ², pièce centrale de l’édifice ; salle sacrée, sainte ;
3. Le Saint des Saints, toujours fermée et seulement visitée une fois par an par le Grand Prêtre. Lieu d’habitation de Dieu avec un trône pour Dieu qui est l’arche d’alliance contenant les tables de la Loi (Décalogue), et coiffée de deux chérubins d’inspiration ou évoquant les gardiens de Mésopotamie. Ces chérubins allient l’animal, l’humain et des symboles de pouvoir et avec évocation des éléments par exemple. Ils sont d’or pour en souligner le caractère sacré. Consolidant évidemment la notion de pouvoir aussi.

Pour le ^2ème temple il y a un mur d’enceinte permettant de séparer le sacré du profane. Ce qui n’était pas précisé pour le 1^er. L’espace délimitant ainsi la cour dite des femmes permet d’associer le peuple à des liturgies sacrificielles des prêtres.

Je n’irai pas plus loin dans l’étude des références bibliques du temple afin que nous restions au grade d’apprenti.

Questions autour du troisième Temple :

Chez les juifs les plus orthodoxes : le 3ème temple est à envisager dans l’avenir et il devra être construit à l’emplacement même de celui de Salomon soit sur l’esplanade des mosquées. Beaux conflits en perspective.
Chez les Chrétiens : Nous l’avons dit plus haut, le temple de Salomon est le prototype des maisons de Dieu, des chapelles, des églises et des cathédrales. Tous lieux ou le clergé et le peuple des croyants va rencontrer Dieu. David Taillades nous dit : « Le temple du roi Salomon semble toujours avoir été dans l’esprit des monarques bâtisseurs chrétiens. »
Chez les Francs-Maçons : allons voir dans notre livret d’apprenti ce que le RER nous en dit.

Dans l’instruction historique par demandes et réponses du grade d’apprenti première section on trouve :

Mystique : (mysticus, caché). Qui, dans un dogme religieux, a un sens caché, figuré, allégorique. / Vie mystique, vie intérieure de l’âme dans ses rapports avec Dieu. Donc le temple de Salomon est présent dans la loge de façon mystique. Mais où ?

Et plus loin :

Petite question aux apprentis, mais pas qu’à eux : qu’elle est la signification de la lettre J ?

Voici la réponse donnée au 2^ème grade du Rite Anglais de Style Émulation où le Vénérable Maitre dit : « – Ce mot provient du nom de la colonne qui était à main droite du porche ou entrée du temple du roi Salomon. Cette colonne était nommée ainsi d’après JAKHIN l’assistant Grand Prêtre qui officia lors de la consécration du temple. La signification du mot est : Établir. »

Petite remarque, toujours aux apprentis, vous êtes donc assimilés à une des 2 Colonnes du Temple de Salomon et vous représentez un assistant Grand Prêtre lors de la consécration du Temple.

Il est assez amusant de constater que l’espace délimité par la clôture du temple s’appelle parvis ou cour des femmes. En effet, nous nous réunissons nous mêmes sur le parvis du temple et donc dans la cour des femmes. La voute étoilée qui nous sert de plafond en atteste, et ce que nous venons de lire aussi. J’attire votre attention sur le fait que le Temple ne peut se concevoir sans clôture, sans isolement du monde profane. Il y a une intimité à créer avant de pouvoir venir dans son temple y faire ses dévotions.

Et encore dans la 2^ème section :

Les matériaux, mes frères apprentis c’est vous, c’est nous qui après avoir été sélectionnés dans la carrière, avons été transporté sur le chantier pour y être amené à la perfection de l’équerre.

Puis :

Et bien si vous voulez savoir ou se trouve le temple, regardez après l’escalier et après la porte et vous y découvrirez le temple qui tel le naos Égyptien, la tente de l’Alliance ou le Saint des Saints appelle chacun à se mettre à nu avant de remplir l’office que seul le Grand Prêtre pouvait effectuer.

Encore plus loin :

Pensez à l’expression anglaise qui dit : « Cemented with love » et aussi à cette autre qui dit que la maçonnerie : « make a good man a better man »

Dans la troisième section :

Le Temple de l’homme, le Temple dans l’homme :

Voilà donc bien le temple que nous devons construire, nous Franc-maçon, et où et comment s’y prendre.

R.A. Schwaller de Lubicz dans son ouvrage le temple de l’homme étudie les dimensions des temples égyptiens pour les comparées aux dimensions de l’homme. Il y a là une démarche très instructive car elle nous rappelle les lois des correspondances et des corrélations.

Prenons une autre référence qui doit parler aux maçons rectifiés :

Dans le Fonds Z Les manuscrits réservés du Philosophe inconnu publiés par Robert Amadou, La magie des élus coëns … Explication secrète du catéchisme d’apprenti, compagnon et maître coën, Institut Eléazar, s. d. repris par Serge Caillet nous pouvons lire :

« À l’image de la Terre, le corps terrestre de l’homme dont le tabernacle est aussi la figure, est aussi un temple, dont les temples matériels et temporels sont le reflet. « Le temple temporel fait allusion au corps terrestre, dans lequel est insérée une âme spirituelle qui agit dans le corps général, ainsi que le mineur agit dans son temple particulier ».

Ce temple particulier n’est autre que le corps physique de l’homme, modèle lui-même des temples qui ont jalonné l’histoire sainte de l’humanité, depuis Adam jusqu’au Christ. Quant au temple général qu’est la Terre, il est également construit selon la même architecture symbolique.³ »

« Comme le temple de Salomon qui en fait le type, le corps de l’homme peut donc se diviser en trois parties : les trois parties matérielles qui composent le corps de l’homme font allusion à la forme corporelle de la terre, qui est triangulaire […].

Cette forme terrestre ne saurait être différente, attendu qu’il n’y a point d’autre orient fixe que le centre des cieux surcélestes qui est en ligne droite perpendiculaire du centre du corps terrestre ⁴»⁵

Et ne perdez pas de vue que ce temple intérieur comme celui de Salomon a besoin de matériaux les plus purs, de pierre bien préparés dans leurs formes travaillés au maillet et vérifiés l’équerre, et d’une clôture qui l’isole et le protège du monde profane.